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Ranjana Kumari : "En Inde, les réseaux sociaux sont une chance pour les femmes"

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En Inde, Ranjana Kumari est une voix féministe qui fait autorité. Elle est directrice du Center for Social Research (CSR) de New Delhi, un centre de référence pour la promotion des droits socio-économiques et politiques des femmes. Elle préside aussi Women PowerConnec t, un réseau de plus de 1.900 militantes et groupes actifs dans toute l'Inde. Son action a été récompensée en 2015 par le prestigieux Lotus Leadership Award , décerné par la Asia Foundation, aux États-Unis. Elle aborde ici la révolution qu'ont constitué les réseaux sociaux en Inde : ils ont ouvert une vaste agora aux idées féministes, qui peinaient à se faire entendre dans cette société patriarcale, où les femmes font face à de nombreux défis : infériorité sociale, violences (domestiques, sexuelles et liées à la dot), discriminations prénatale ou au travail. " Les réseaux sociaux constituent un puissant espace démocratique et nous encourageons les femmes et les filles à les investir. Ils accél

La colère sans fin des petits fermiers indiens

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Marches pour les terres, marches pour de meilleurs prix agricoles, marches contre les dettes ou la sécheresse : les petits fermiers indiens manifestent depuis des décennies, pour réclamer des conditions de vie décentes. Mais faute de réponse convaincante, l'agriculture continue de souffrir de maux chroniques. Au prix de situations sociales parfois dramatiques. Et la dégradation de l'environnement n'arrange rien. Les 29 et 30 novembre 2018, plus de 200.000 fermiers marchent dans la capitale New Delhi, à l'appel du collectif All India Kisan Sangharsh Coordination Committee, qui regroupe 200 organisations. Ils réclament une revalorisation des prix agricoles minima, l'annulation de leurs dettes et une session spéciale du Parlement pour que la classe politique résolve enfin une situation inextricable qui dure depuis des décennies. Ce n'est pas faute de réclamer : si l'on ne retient que ces trois dernières années, les protestations n'ont cessé d'

Pourquoi chaque hiver, New Delhi plonge dans "l'airpocalypse"

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Alors qu'ils vivent déjà toute l'année dans la capitale la plus polluée au monde , les 20 millions d'habitants de New Delhi suffoquent chaque hiver sous un épais brouillard toxique, qui voile le soleil, pique les yeux et encombre la gorge. Si Delhi affiche en général 6 fois le niveau limite de particules fines (PM2,5), défini par l'Organisation mondiale de la Santé (soit 25 microgrammes par m3 d'air par jour), durant l'année, ce pic hivernal de pollution pulvérise chaque fois les records : le 5 novembre 2018, par exemple, la densité de particules fines était 20 fois supérieure à cette limite et continuait de grimper. Ce smog (1) provient d'une combinaison d'éléments qui reviennent tous les ans à la même époque : aux habituels gaz d'échappement, polluants industriels et émissions de générateurs au diesel, qui empestent la ville toute l'année, s'ajoutent à l'automne les fumées des brûlis agricoles, qui viennent des régions limit

Comment le développement économique a accentué le déficit de femmes en Inde

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Plusieurs décennies de sélection des naissances en Inde ont abouti à un déficit de 63 millions de femmes : c'est le Rapport national sur l'état de l'économie, le National Economic Survey , publié chaque année par le gouvernement indien, qui le dit. Fait inhabituel, il consacre en effet un chapitre à ce déséquilibre démographique en déplorant que l'élimination prénatale des filles se poursuive en dépit du développement économique. En oubliant de dire que c'est ce développement qui contribué à accélérer ce phénomène ces dernières décennies. La sélection des naissances au détriment des filles est un des aspects les plus manifestes de la domination masculine qui régit la société indienne. Elle repose sur deux piliers : la préférence culturelle pour les garçons, ceux qui perpétuent le nom du père, héritent du patrimoine familial et effectuent traditionnellement les rites funéraires hindous au décès des parents. Mais aussi, et surtout , sur la dot et le coût croiss